Rare coupe au crabe

Rare coupe au crabe - verre multicouche signé

Lot n° 180
forme polylobée en verre multicouche vert sombre mêlé de paillons de platine imitant la pierre dure. La coupe est ornée d’un crabe en application, la carapace, les yeux, les pattes et les pinces entièrement sculptés et travaillés à chaud à la pince en verre brun, marron à reflets irisés gris bleutés. Sur la panse un coquillage est sculpté en ronde-bosse à la roue (petite restauration à une patte).
Signature japonisante gravée en creux à la pointe.
Pièce unique réalisée en 1904. Petite restauration.
H. 8 L. 16,5 cm

EXPOSITION : Les Fonds de la Mer, Nancy, 1905.

BIBLIOGRAPHIE : – La Lorraine Artistique et Littéraire illustrée, mai 1905, édité par les Établissements Albert Barbier, Nancy : dans un article entièrement consacré à Émile Gallé, modèle reproduit page 16 sur la vitrine d’Émile Gallé, Les Fonds de la Mer. Bibliothèque de Nancy, 755814 ; – Alastair Duncan, The Paris Salon 1895-1914. Volume III : Furniture, Antique Collector’s Club 1996, repr. p. 238 ; – La Lorraine Artistique, 1er mai 1905 ; – La Main aux algues et aux coquillages. Le testament artistique d’Émile Gallé, musée d’Orsay, 16 juin au 12 septembre 2004 ; – Cécilia de Saint-Riquier, “Le dernier chef-d’œuvre d’un poète, La Main aux algues et aux coquillages d’Émile Gallé”, Coupe File Art, 19 janvier 2020 ; – Alastair Duncan and Georges de Bartha, Gallé Furniture, Antique Collectors’ Club, 2012, modèle repr. p. 81 sur une photographie d’époque sur Les Fonds de la Mer, la vitrine d’Émile Gallé à l’exposition de 1905.

Un an après la mort d’Émile Gallé, est organisée à Nancy une exposition hommage au Maître Verrier, sur le thème Les Fonds de la Mer, où sera présenté un rare ensemble de pièces artistiques créées entre 1901 et 1904. Sur le document d’époque on reconnaît la vitrine à bijoux dénommée Fonds de la Mer avec ses piètements, ses montants, son bâti entièrement sculptés de motifs de tentacules qui fût aussi présenté Salle Poirel en 1904 lors de l’Exposition d’Arts décoratifs de Nancy. Sept pièces sont exposées et mises en scène sur la vitrine : – La main aux algues et aux coquillages, 1904 – La coupe aux crabe, 1900-1904 – Le vase Hippocampe – La coupe sur pied à décor d’algues et de coquillages, 1904 – Vase aux algues et coquillages – Cachet aux tentacules – Le calamar Émile Gallé était passionné par la mer, ses trésors engloutis, son monde biologique, sa faune et sa flore sous-marine. Féru des sciences modernes, il suit avec beaucoup d’attention les progrès de l’océanographie moderne qui se développe grâce aux nouvelles technologies et qui favorisent l’exploration de ce nouveau monde. Dans son discours de réception à l’Académie Stanislas le 17 mars 1900, intitulé “Le décor symbolique”, il dévoile et fait entrevoir toute l’inspiration artistique à venir pour l’artistes et la création : “Ces secrets de l’Océan, les braves sondeurs nous les livrent. Ils vident des récoltes marines qui, des laboratoires, font des ateliers d’art décoratif, des musées de modèles. Ils dessinent, ils publient pour l’artiste ces matériaux insoupçonnés, les émaux et les camées de la mer. Bientôt les méduses cristallines insuffleront des nuances et des galbes inédits aux calices de verres”. Comme l’analyse Cécilia de Saint-Riquier dans son article Le dernier chef-d’œuvre d’un poète : La Main aux algues et aux coquillages d’Émile Gallé, …“ nous savons qu’au cours de sa vie Émile Gallé souhaita réaliser plusieurs ensembles sur le thème des fonds marins. Il souhaita que ses pièces donnent l’impression forte d’avoir été laissées à la mer en des temps reculés et que celle-ci ait repris ses droits, envahissant les objets”. La coupe au crabe est le reflet de la maîtrise technique et des brevets déposés par Émile Gallé, car elle présente toutes les complexités techniques du travail du verre ; la sculpture à chaud à la pince, le verre multicouche mêlé de paillons, les oxydations métalliques pour la coloration du verre et pour provoquer les irisations, le travail à la roue pour sculpter en ronde bosse le coquillage.